Travailler la matière même, penser son épaisseur, récolter ce qu’elle offre avec son lot d’imprévus. Glaner à travers le monde mille éléments et les transformer en représentations, conduire ces mêmes éléments à interagir, à dialoguer, à se métamorphoser comme pour mieux révéler l’incroyable variété du vivant. Poussières, rebuts, fragments, pigments improbables, fils, sont tous la chair même des peintures, dessins, sculptures ou reliefs de Lionel Sabatté. Et à chaque fois cette même idée, mettre la représentation au péril d’elle-même comme pour mieux indiquer que ce qui est à voir n’est qu’une simple étape dans le lent processus de germination du vivant. Alors le spectateur peut bien y voir un bestiaire hybride fait d’oiseaux, d’ours, d’anguilles, de loups, de monstres délicats qui ensemble expose leurs chairs et leurs squelettes, leurs fluides et leurs apparences. Il y a chez Lionel Sabatté un refus des évidences, une tendresse pour l’incertain conduisant à un mélange unique entre minéral, animal et organique. Il y a ici des rejets, des rebuts, des résidus, mais surtout de la renaissance et une forme de réincarnation perceptible dans l’élégance du trait, des couleurs, des matières.