Pour cette deuxième exposition, la galerie Camille Pouyfaucon présente une exposition collective intitulée « Les Formes de l’Oubli », du 15 décembre 2022 au 4 février 2023, dans son espace du 19 rue Guénégaud, Paris 6e. L’exposition réunit le travail de trois jeunes femmes : Léa Simhony, Laura Garcia Karras et Mercedes Semino, dont les pratiques artistiques mettent en lumière une méditation sur le temps et son vécu.
Vestiges d’un passé oublié, ressortis des tréfonds de la mémoire, ou renouveaux face à l’absence, les œuvres des trois artistes de l’exposition « Les Formes de l’oubli » nous emmènent dans le royaume de l’oubli. Oubli riche de formes, tel nous le livre l’anthropologue Français Marc Augé dans son essai du même nom (Marc Augé, Les Formes de l’Oubli, 1998) : « Il faut oublier pourrester présent, oublier pour ne pas mourir, oublier pour rester fidèle. »
L’oubli est donc un impératif, car c’est par lui qu’émerge le souvenir et la narration d’un avenir. À travers cette exposition, les œuvres de ces trois artistes se construisent comme des témoins du temps, rappelant un passé oublié, tout en imaginant un futur.
Dans les toiles de Léa Simhony, le végétal, et notamment la fleur, sont des motifs qui reviennent inlassablement, sans cesse renouvelés à travers les différents espaces qu’ils habitent. Symbole de l’éphémère, la fleur occupe une place centrale dans sa peinture qui en empêche en quelque sorte le déclin, et la fige à tout jamais. Elles émergent de paysages abstraits, figurant une forme d’absence. Et pourtant, d’une friche, d’une terre oubliée - la vie, déposée par le pinceau de l’artiste. Ces fleurs viennent habiter des ruines et des vestiges pour leur conférer une nouvelle existence.
Le travail de Laura Garcia Karras associe les notions d’oubli, de passage du temps, et de mémoire, à la fois dans sa pratique et dans les formes qu’elle représente. Son processus est long, fait de couches successives, les unes disparaissant sous les autres, et dont les couleurs se manifestent vivement sur la toile. La lenteur est chère à l’artiste, car elle permet de redonner chair aux images, souvent noyées dans le flux que nous percevons constamment. Enfant, elle se saisit d’un fossile et prend soudainement conscience du passé perdu porté par cette pierre - c’est cette épiphanie qui est à l’origine de son inspiration, orientée vers la représentation de la nature.
Mercedes Semino réalise de véritables fresques architecturales, dont les figures convoquent elles aussi la temporalité. Chez elle, cependant, ce ne sont pas des motifs naturels, mais des constructions humaines, devenues vestiges. Les formes sont minimalistes, dans un espace surréaliste, non sans évoquer les paysages de Chirico. Les escaliers, piliers, et fondations interrogent et nous plongent dans un monde oublié.
Fascinée par l’architecture, Mercedes nous livre une réflexion sur l’appropriation humaine de l’espace, à l’épreuve du temps ; ses toiles sont elles aussi comme passées par le temps : leur texture granuleuse rappelle une ancienne fresque sortie de l’oubli. Face à une époque de l’instantanéité et de l’éphémère, nos trois artistes figent le temps qui passe à travers leur toile, évoquant ainsi l’importance de la mémoire et nous livrent leur vision de l’oublié et du remémoré.