L’artiste français Jean-Michel Alberola transforme l’espace bruxellois de la galerie avec une nouvelle exposition protéiforme consacrée à trois années qu’il considère comme charnières : 1965, 1966 et 1967. Conçue comme une installation, l’exposition combinant murs peints, toiles, sérigraphies et œuvres sur papier, propose un parcours fascinant à travers les influences, passions et engagements d’un artiste inclassable.
Né à Saïda en 1953, Jean-Michel Alberola passe le début des années soixante en Algérie, en pleine guerre d’indépendance. De cette expérience traumatisante, qui conduira à l’exil, le jeune Alberola développe une attention obsessionnelle à l’actualité mondiale, politique, musicale ou encore cinématographique. Cette acuité marque à jamais son œuvre. « Je ne crois pourtant pas à l’inspiration » explique-t-il « mais plutôt à une manière de lire la surface du monde, à en avoir une conscience claire et à pouvoir en faire quelque chose ».
Des émeutes raciales de Watts en août 1965 à la sortie de l’album de jazz « Straight No Chaser » par Thelonious Monk, en passant par des extraits de scripts de Jean-Luc Godard, Alberola dessine un cheminement poétique articulé autour de cette période qu’il considère comme fondamentale pour saisir l’histoire contemporaine récente. « La plupart du temps, j’attends que des réalités politiques forment des questions et deviennent des images à réaliser » explique-t-il, « il suffit qu’une seule chose vienne à moi pour que j’aie beaucoup de travail ». Comme toujours, il s’agit pour l’artiste de « raconter des histoires », son histoire, de dire le monde tel qu’il le voit et le pense, mais aussi d’apporter un éclairage indirect sur le pouvoir de l’art et sa capacité à transformer le présent.