Du 22 janvier au 23 avril 2023, le Suquet des Artistes de Cannes présente une exposition consacrée à l’artiste Serigne Ibrahima Dieye, issu de la jeune génération de peintres de l’École Nationale des Arts de Dakar.
Les personnages de ses peintures et installations sont des allégories visuelles de maux qui déchirent les sociétés contemporaines : ses mythes de succès et ses malédictions ; sa violence et sa vivacité créative ; ses histoires populaires et ses territoires oubliés. Il observe son environnement et s’intéresse aux chaos qui l’entourent. Ainsi, de ses œuvres émergents des signes mystérieux et des animaux hybrides qui rencontrent, comme des fables, son quotidien urbain. À travers un geste plastique fort, l’artiste entend dénoncer cette violence systémique tout en essayant de faire réfléchir chacun à sa part de responsabilité et au rôle que l’on peut choisir de prendre- ou non - dans ce monde.
« Ni tout à fait humaines, ni tout à fait animales, les figures qui peuplent les œuvres de Sergine Ibrahima Dieye nous interpellent. Si, au premier regard, elles semblent faire partie de l’humanité, certains détails les en excluent pourtant. Ici, un bec perçant fait office de bouche, là, des griffes aiguisées prolongent des bras, ici encore, des plumes chamarrées habillent les corps. Ces être sont l’air d’appartenir à un entre-deux merveilleux, celui des légendes, des fables et des mythes éternels. De fait, les créatures qui évoluent dans les toiles de l’artiste peuvent s’apparenter aux sirènes grecques qui envoûtent les marins trop téméraires, aux adlets qui terrorisent les Inuits dans le Grand Nord, ou encore aux chupacabras égorgeurs de troupeaux sud-américains. Des oiseaux aux reptiles, en passant par les mammifères ou les poissons, toutes les catégories du règne animal participent à ces assemblages. Les combinaisons sont multiples, disparates et toujours déconcertantes. Les différences formelles sont donc nombreuses, mais ces monstres fabuleux partagent une chose : s’ils nous interpellent, ils ne nous déconcertent pas car ils sont présents dans les mythes qui se transmettent dans toutes les civilisations, dans toutes les cultures et sur tous les continents. Personnages hybrides, ils semblent devoir faire le lien entre le monde des hommes et celui des divinités. » […] Serigne Ibrahima Dieye, Passeur de mythes