Après quatre années en tant que galerie nomade, la galerie d’art contemporain By Lara Sedbon ouvre au printemps 2023 un espace de 150m2 dans le quartier du Marais, au 63 rue Notre Dame de Nazareth, aux côtés des galeries Dilecta, mfc Michèle Didier, Backslash et Afikaris. À cette occasion, elle propose, du 25 mai au 17 juin 2023, un group show présentant une œuvre de chaque artiste qu’elle soutient. Intitulée Nazareth, l’exposition dévoile la ligne de la galerie et occupe pour la première fois les lieux dans lesquels elle s’installe de façon pérenne. Le titre de l’exposition renvoie au nom de la rue mais aussi à l’idée d’un nouveau chapitre dans l’histoire de la galerie.
The dreamers de Rebecca Brodskis dépeint avec élégance deux personnages féminins, qui semblent flotter dans un ciel accueillant l’amplitude de leurs mouvements. Les deux personnages de l’œuvre photographique de Michel Platnic se retrouvent également propulsés dans un contexte étrange où les enveloppes corporelles sont transfigurées. Deux corps simples de Fabien Mérelle prolonge cette danse en suspension. Le corps de l’artiste et celui de son chat, en lévitation au cœur de l’espace vide du papier, convie le spectateur à un regard silencieux habité de respect et d’une certaine forme de spiritualité invitant à la prise de distance, celle que nous impose en outre la chouette de Stras Bear. Son regard pénétrant juge, transperce et répond à la sculpture d’Antonin Heck. De l’animal, il ne reste que le souvenir d’une peau, muée en feuilles d’araucaria, dans la pièce sculpturale de Lelia Demoisy qui troque le trophée de chasse décrié contre une composition végétale.
L’onirisme, une des lignes directrices de la galerie, se déploie dans le tableau de Zelie Nguyen. Intitulée Echos, la peinture met en scène deux ânes évoluant sur une plateforme qui semble également suspendue ou maintenue par un équilibre incertain. Ce monde nouveau qui fait table rase des lois de la gravité et de la perspective dialogue avec les personnages d’Eugénie Modai qui jonglent avec les couleurs et les reliefs pour affirmer un imaginaire peuplé d’histoires à la féerie palpable. À son tour, l’univers fantastique de Jérôme Gelès déploie un plancton monumental tout en volume. Avec tout autant, d’énergie et de précisions, Léonard Combier développe les détails d’une planète dont les rouages se disloquent dans une joyeuse frénésie, tandis que le dessin de Tudi Deligne, écho à une peinture caravagesque, déforme les traits du personnage initial dont la réalité hybridée évoque une créature étrange.
Loin du rêve qu’ils dépeignent, la réalité de l’artiste se replie sur l’atelier. Cocon totalement personnel, il devient le refuge d’un individualisme et d’une solitude qui projettent l’artiste dans un face à face avec sa toile. La peinture d’Adrien Belgrand décrivant son ami Yann Lacroix en train de peindre en dresse le portrait. Seul aussi, le personnage de Benjamin Valode avance vers un horizon habité exclusivement par la couleur et ses dégradés qui déclinent un univers aux énigmatiques contrastes. De même, l’immensité noire de l’œuvre de Roxane Gouguenheim fait écran vers un infini incertain, peut-être celui décrit par Stephen Whittaker où le déséquilibre, la ruine et le chaos entrent en confrontation avec les odalisques d’un monde passé. Aphrodite revisitée par Victor Gingembre convoque ces mêmes références dans une réflexion sur la ligne du corps de la femme et sa structuration dans l’espace.
Trois artistes seront exposés pour la première fois dans le cadre de Nazareth. Brigitte Nierdermair, dont le travail photographique se recentre sur l’identité et la représentation du corps féminin et qui est notamment reconnue pour sa vision artistique dans l’esthétique photographique de la maison Dior. Quant à Zoé Thonet, elle imagine au cours de ses projets sculpturaux et sonores des connexions inattendues, organiques et palpables, en mélangeant récits hypothétiques et découvertes scientifiques. Enfin, une peinture de l’artiste hongrois Alexander Tinei sera également présentée. Son travail sur le portrait aliéné portant les stigmates bleus des tatouages égrenés sur le corps raconte la solitude de l’individu pris dans un environnement au romantisme évocateur.