Du 29 septembre au 25 novembre 2023, la Galerie Raphaël Durazzo présente L’autre Côté du Miroir, une exposition célébrant les regards singuliers et transgressifs des femmes surréalistes. Femmes d’artistes, mais surtout femmes artistes, elles incarnent tous les fantasmes du surréalisme : de la magie à la folie, de l’érotisme au libertinage, de l’imagination à la transe. À travers des œuvres de Leonora Carrington, Dorothea Tanning, Leonor Fini, Meret Oppenheim, Irène Zurkinden, Suzanne Van Dam, ou encore Jacqueline Lamba, l’exposition invite à redécouvrir une production artistique extrêmement prolifique, pourtant si vite oubliée, d’un monde rêvé.
La transe et les femmes
C’est au cœur des années folles et au centre du monde d’alors qu’est Paris que se crée le surréalisme. Mouvement révolutionnaire s’il en est, il s’affranchit du carcan social de ce début de siècle que la première guerre mondiale à fait voler en éclats. Il veut se distinguer, choquer, révéler encore. Les jeunes surréalistes se réunissent pour hurler sur le papier ou sur la toile leur inconscient avec André Breton pour chef d’orchestre bien sûr. Les artistes expérimentent l’hypnose, l’écriture automatique, la drogue, ils créent en transe des œuvres plastiques nouvelles : le collage et la photographie tiennent une bonne place près de la peinture et de la sculpture. L’autre particularité du mouvement surréaliste est l’omniprésence des femmes. Les femmes d’artistes mais les femmes artistes aussi, surtout, dont certaines prennent d’autres artistes pour amants. On les décrit comme des muses ingénues, d’autres fois comme des mangeuses d’hommes, souvent comme des folles. Tantôt sorcières, tantôt saintes donc, parfois les deux en même temps d’ailleurs. L’histoire de l’art a tôt fait de les oublier au pire, au mieux de les réduire à des seconds couteaux, ce qu’elles sont très loin d’être.
Le surréalisme féminin est un autre surréalisme plus qu’un prolongement de ce dernier
Ces artistes n’ont pas la même lecture du monde qu’on les hommes de leur époque : elles ont souvent dû tout quitter, braver les interdits familiaux, moraux et en paient un prix largement supérieur : chacune de leur transgression vaut le décuple. Quand les hommes présentent la femme érotisée, Leonor Fini, Leonora Carrington, Dorothea Tanning, Jacqueline Lamba ou encore Meret Oppenheim et tant d’autres, moins connues en France, cherchent à produire une autre représentation d’elles-mêmes, nous donnent à voir un monde parfois plus onirique, plus narratif que celui des hommes surréalistes. L’art du nu y est plus cru, plus vrai et les montrent plus torturées. Elles inventent des chimères avec une facilité à faire pâlir d’envie un Ovide. D’ailleurs les femmes surréalistes ont une œuvre écrite particulièrement prolifique. Leurs pièces de théâtre et d’excellentes nouvelles sont pour nombre d’entre elles pas encore publiés