C’est une saison haute en couleur pour Claude Viallat. Après Quelques pas de côté présentée depuis septembre dans l’espace bruxellois, la galerie Templon lui consacre du 4 novembre au 23 décembre une nouvelle exposition historique dans la capitale française, en parallèle de sa grande rétrospective au Carré d’Art à Nîmes.
En contrepoint de l’exposition belge qui dévoile une vingtaine de toiles récentes, la présentation parisienne propose ici une fine sélection d’une dizaine d’œuvres phares, toutes conçues entre 1966 et 2023. Sur les cimaises de la galeries, les tissus bigarrés, rayés ou fleuris jouent avec une subtile palette de couleur : pistache, sapin, citron, ultramarine ou encore terracotta. À leur surface, peints de manière presque obsessive, on y voit émerger les petits osselets, véritable signature de l’artiste. Un dialogue audacieux, intuitif, spontané entre bâches industrielles et linges de maison émane de ces créations soudainement métamorphosées par leur verticalité et le geste du peintre.
Membre-fondateur dans les années 1970 du groupe avant-gardiste Supports-Surfaces, Claude Viallat s’est imposé comme une figure de proue de la peinture française. Depuis près d’un demi-siècle, il fait fi du châssis et de la toile et contribue à révolutionner le dialogue autour de la peinture en défiant radicalement les codes du volume et de l’espace. Dès lors, son œuvre gagne une reconnaissance internationale : il est choisi pour représenter le pavillon français à la 43ème biennale de Venise en 1988 et de nombreuses expositions personnelles lui sont consacrées à Buenos Aires, Casablanca, Miami, Sao Paulo, Tokyo, Milan, Ankara ou encore Montréal. Son œuvre est aujourd’hui présente dans les plus grandes collections publiques dont celles du Musée National d’Art Moderne de la Ville de Paris, du Musée National d’art moderne - Centre Pompidou, du MoMA (New York), du Musée des Beaux-Arts de Montréal, du National Museum of Art, (Osaka) ou encore du Philadelphia Museum of Art (Philadelphie).
À 87 ans, cet incontournable de l’histoire de l’art s’est fait au fil du temps l’actif participant de près d’un demi-siècle de débat sociétal en posant, à travers son œuvre déconcertante, les questions radicales sur sa discipline de prédilection : peut-on s’extraire du cadre conventionel du tableau tout en créant une œuvre d’art qui se veut « peinture » ? Comment faire jaillir la puissance expressive à partir de matières si hétéroclites, usées, déjà saturées de motifs ou d’imprimés ?