Pour sa toute première exposition dans l’espace parisien de la galerie Templon, le peintre Alioune Diagne, sélectionné pour représenter le pavillon sénégalais à la biennale de Venise 2024, dévoile une sélection de six tableaux sur le thème de la migration clandestine en mer.
Alioune Diagne a recours à une technique qu'il a mise au point et progressivement affinée : de petits modules, qu'il nomme « signes inconscients », s'agrègent les uns aux autres pour constituer une cohérence figurative finale. A partir de ces signes, réminiscences de calligraphies disparues, il compose de manière complexe des tableaux dynamiques qui dépeignent le quotidien au Sénégal, comme celui de la diaspora africaine à travers le monde.
Pour « Seede » qui en wolof signifie « Le témoignage », Diagne a arpenté pendant des semaines les côtes du Sénégal. Les toiles se font l’écho de ces récits de vie de pêcheurs locaux qui, munis d’une pirogue et d’un filet pour seul outil de travail, se voient confrontés à une industrialisation étrangère grandissante autour du commerce de la pêche. « Pour survivre », explique Alioune Diagne, « certains d’entre eux ont dû abandonner ce savoir-faire ancestral pour se tourner vers des pratiques illégales, celles des passeurs».
Un bleu profond et quelques filets de pêches qui recouvrent les parois et ornent le sol de l’espace parisien donnent à l’exposition une dimension immersive voire dramatique. « Je veux parler de ces sujets » poursuit-il, « l’émigration est aujourd’hui encore, une douloureuse réalité. Jusqu’à maintenant le succès d’une vie ne s’envisageait qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Je veux montrer aux jeunes générations qu’il peut y avoir un avenir en Afrique. »