Une construction implique un modus operandi précis et systématique, un savoir-faire rigoureux et codifié qui, mis en pratique par la main d’un maître bâtisseur, révèlera toute sa beauté et sa complexité. En accord avec cette définition, l’exposition collective « Constructions », qui se tient du jeudi 25 janvier au samedi 24 février à la Galerie Bessaud, met en lumière cinq bâtisseurs visuels (Pascal Vilcollet, Pieter Ceizer, Roberto Rivadeneira, Matt Neuman et Rémy Benito), des artistes internationaux proposant chacun des structures picturales très variées, mais qui se rejoignent dans la sérialité, la recherche de contrastes, d’un équilibre entre compositions et couleurs et d’un dynamisme dans les (a)symétries.
Le Parisiano-Néerlandais Pieter Ceizer est passé maître dans l’art des jeux de constructions autour de la typographie. En fusionnant mots et formes, il déconstruit les lettres, brouille les lignes entre le signifiant et le signifié. En résultent des sculptures murales en bois ou en métal, peintes avec une précision millimétrique, porteuses d’un message positif, ludique et exaltant. Pieter Ceizer a récemment été choisi par Pharrell Williams pour figurer dans son exposition « Just Phriends » aux côtés de Kaws, Murakami ou encore Invader.
Depuis plus de 10 ans, l’Américain Matt Neuman explore les constructions géométriques abstraites, avec pour fils directeurs la dualité entre la couleur et la forme, mais aussi la répétition et l’infini. Mû par un lien fort avec la tradition, il grave sur bois des plaques géométriques qu’il encre puis tamponne sur ses canevas, créant ainsi des associations de symétries et de couleurs complexes.
D’après le français Pascal Vilcollet : « Dans la peinture, il y a la phase de construction, qui est d’apprendre et d’assimiler les choses ; et il y a cette phase de déconstruction, où l’on se dépouille de toute chose et où l’on devient plus sincère. » Ce mantra, l’artiste l’applique, dans le cadre de l’exposition, à la nature morte florale. C’est ce motif classique qu’il déstructure, revenant à l’essence du geste, sur des fonds lumineux et dépouillés, pour donner naissance à des œuvres poétiques et évanescentes.
C’était une évidence pour le français Rémy Benito, architecte de formation, que de fonder sa pratique sur ce qui constitue le cœur d’une construction architecturale : la trame. Méthodique, son travail sériel s’articule autour du trait. Du bout de ses crayons de couleurs, l’artiste trace des dizaines de milliers de lignes sur le papier : plus ou moins denses, appuyées, allongées, courbées, pour former, dans des camaïeux de bleus, des jeux d’ombres et de lumières qui matérialisent des figures géométriques surprenantes, comme venues d’un autre monde.
Le travail de Roberto Rivadeneira se situe à l’intersection de la technologie et de l’abstraction, et remet en question les notions traditionnelles d’espace et de perception. L’artiste équatorien basé à Berlin privilégie les superpositions de techniques et de matières : sur des canevas d’aluminium aux formes étonnantes, il imprime des photographies ultra-macroscopiques qu’il peint afin d’en brouiller encore plus le rendu. En découlent des constructions totémiques rétro-futuristes aux reflets iridescents.