Du 4 avril au 18 mai 2024, la galerie Ceysson & Bénétière présente Nothing Net, une exposition haute en couleurs de l'artiste new-yorkaise Trudy Benson, à Lyon.
« Les peintures de Trudy Benson se reconnaissent à leur méthode, révélée à quiconque souhaite les observer en profondeur. Toile brute et aérographe en sont les composants de base. Trudy Benson pulvérise, à grands traits ou selon un griffonnage conscient, puis ajoute des structures remplies d'une couleur unie, qui masquent la surface et lui donnent mouvement grâce à des formes dynamiques. Elle se sert souvent d'une poche à douille pour tracer des lignes, ce qui confère à la surface peinte une autre dimension, en termes de profondeur et de mouvement. Le contraste entre la pulvérisation délicate et la peinture épaisse, semblable à un glaçage de pâtisserie, donne à l'espace une tonalité dramatique. En adoucissant le rendu, les plans rectilignes se détachent de la surface, aiguisant davantage la vision. Les surfaces physiques s'imposent par leur présence. Il est essentiel de distinguer la forme substantielle ancrée et l'atmosphère éthérée pour comprendre ce qui imprègne le travail de Trudy Benson à la fois d'une puissance exubérante et d'un côté aérien. [...]
Trudy Benson a souvent fait part de sa préférence pour les outils informatiques de dessin peu sophistiqués, comme MacPaint, pour esquisser ses idées avant de commencer à travailler sur une toile. Ces outils, qu'elle décrit souvent comme des outils oubliés sur d'anciens ordinateurs, sont en effet trouvés ou remis au goût du jour, comme par accident. Un heureux accident. Trudy Benson envisage avec plaisir le geste de peindre comme un processus de recouvrement progressif par des calques. Le terme de « calque » serait immédiatement éloquent pour tous les utilisateurs de Photoshop ou d'autres programmes informatiques de graphisme. Mais au final, ses peintures se caractérisent plus par une certaine exubérance que par leur nature programmatique : être en retard, sortir à la hâte, dévaler les escaliers... en route pour aller travailler. L'élan heureux, dans chaque peinture, est urbain, drôle et résolument libre. »
Wallace Whitney