Considéré comme un des plus grands artistes indiens de sa génération, le peintre Atul Dodiya présente à Paris une nouvelle série de toiles inspirées par les classiques de Bollywood. L’exposition, présentée jusqu'au 27 avril chez Templon, prend ainsi pour point de départ le cinéma de Bombay des années 1960, celui qui a marqué l’enfance de l’artiste. Le titre I know you. I do. O’ stranger' est notamment inspiré du film Charulata (1964) de Satyajit Ray. Les scènes choisies, faussement anodines, sont le fruit d’une composition complexe dans laquelle la célébrité de l’acteur s’éclipse au profit de l’anonymat.
À l’orée des années 90, formé à la célèbre école Sir J.J. School of Art de Mumbai, Dodiya est envoyé pendant un an l’école des Beaux-Arts de Paris. Ce séjour se révèlera déterminant pour l’artiste qui, depuis près de trente ans, tisse des liens entre art indien et occidental. Passionné de littérature et de cinéma, il déploie un langage unique, tantôt figuratif, tantôt plus abstrait, où il incorpore références à la culture populaire, à la poésie, ou aux grands maîtres de l’art moderne – de Matisse à Motherwell en passant par Picabia ou Mondrian. Doué d’une étonnante capacité à se réinventer, son style s’empare indifféremment d’une peinture photo-réaliste ou plutôt symbolique. Il déploie sa peinture sur des rideaux de fer mécaniques, crée des assemblages photographiques ou invente de larges installations mêlant objet et peinture. En filigrane, ses œuvres témoignent d’une réflexion sur l’histoire de l’Inde et l’émergence de nouvelles aspirations politiques.