Dans le cadre du programme « Un artiste, un monument », le Centre des monuments nationaux invite l’artiste Suzanne Husky pour une carte blanche au château de Châteaudun du 15 juin au 3 novembre 2024. Son exposition, intitulée « Histoire des alliances avec le peuple castor », s’inscrit également dans le cadre du Printemps du Dessin. Elle fait aussi écho à l'Année du Castor, période de célébration et de sensibilisation entre le printemps 2025 et l'été 2025, qui célèbre le 50e anniversaire de la réintroduction de l'animal sur les bords de la Loire.
Pour son exposition au château de Châteaudun, Suzanne Husky nous invite à reconsidérer le temps profond des rivières à travers l’histoire des alliances entre humains et castors. Mettant en avant la figure du castor, crucial pour la santé des cours d’eau en France, endommagés à 90%, l’artiste souligne son rôle inattendu en tant qu’allié face aux changements climatiques. Pendant huit millions d’années, les castors ont façonné les paysages aquatiques et les zones humides. Il fut vénéré, parfois déifié, on retrouve la trace de sa présence dans de nombreux lieux et cours d’eau de France. Progressivement, la géographie humaine prit la place de celle des castors, conduisant à leur quasi-disparition et à l’effondrement de tout un écosystème. Le château de Châteaudun se situe sur un territoire où les castors d’Europe, espèce protégée, se sont réinstallés durablement. Dominant les bords du Loir, le monument abrite également la deuxième plus importante collection de tapisseries anciennes en France, faisant écho à l’une des sources d’inspiration de Suzanne Husky : la tapisserie de Bayeux. Dans ce contexte, l’artiste travaille à la conception d’une tapisserie monumentale sur l’histoire géopolitique de l’alliance entre les castors et les humains.
Une autre tapisserie de Suzanne Husky (« Bièvre, bâtisseur de mondes ») ainsi que des bâtons de castors et un castor naturalisé, seront présentés dans le parcours de visite afin de renforcer la dimension pédagogique de son travail en présentant l’écosystème dans lequel évolue le castor. À travers cette exposition, l’artiste souhaite sensibiliser à la nécessité de réintroduire les castors pour restaurer nos milieux naturels face au changement climatique. Elle perpétue l’histoire de la mise en scène esthétique du savoir scientifique en restaurant le castor à sa juste place et en encourageant une nouvelle alliance avec le vivant. Cette exposition est pensée en collaboration avec le philosophe et chercheur Baptiste Morizot, spécialiste des relations entre l’humain et le vivant, qui développe un manifeste en vingt points sur les urgences climatiques dans le catalogue de l’exposition.