Dans le cadre du programme « Un artiste, un monument » initié par le Centre des monuments nationaux, le duo d’artistes franco-britannique Daniel Dewar & Grégory Gicquel propose une installation conçue pour la salle des festins du palais Jacques Coeur de Bourges, comprenant un ensemble de sculptures caractéristiques de leur pratique récente et en dialogue avec le lieu et son contexte historique. Cette exposition s’inscrit dans la programmation de la 5e édition de Bourges Contemporain 2024 qui aura lieu du 7 juin au 22 septembre 2024.
Cet ensemble est composé de céramiques modelées et cuites dans un four à bois et d’une série de meubles sculptés à la main dans du chêne massif, le tout exécuté au sein des ateliers des artistes. Disposées dans la salle des Festins en trois rangs alignés, ces sculptures sont présentées sur trois socles longs et bas. En entrant dans la salle, le visiteur peut apprécier un paysage mobilier qui se déroule sous ses yeux, telles trois phrases visuelles foisonnantes de formes et d’images à déchiffrer. Parmi ces sculptures, des pichets en grès prennent la forme d’un pied agrémenté d’une anse, un motif récurrent dans le travail du duo depuis plusieurs années. Une jarre voit sa surface recouverte de torses luisants qui se démultiplient et sur lesquels se découpent des escargots. Au premier abord, ces récipients peuvent renvoyer aux joyeux breuvages du banquet, mais ils incarnent surtout une approche élémentaire et universelle. Évoquant le feu et l’eau, le premier nécessaire à la cuisson des jarres, la seconde potentiellement contenue dans ces pichets et rappelée par l’émaillage brillant et l’univers humide des escargots, ces céramiques invitent à nous reconnecter avec les choses les plus fondamentales qui nous entourent et, même, nous permettent de vivre.
De part et d’autre de ces céramiques sont disposées des sculptures en chêne massif, dont deux banquettes pourvues de coussins brodés. Sur les pieds des banquettes se détachent à nouveau des escargots, taillés à coups de ciseau, représentatifs à la fois de la lenteur de fabrication de ces sculptures et traduisant la philosophie qui parcourt l’oeuvre du duo, qui veut que chaque être, humain ou non humain, « nuisible » ou « utile », a une raison d’exister, participant à l’écologie complexe célébrée ici. En clin d’oeil au décor de feuilles de chou courant sur la façade du palais, les coussins sont brodés de choux et de choux-fleurs, ainsi que de papillons piérides du chou et leurs chenilles, qui, dans la nature, se nourrissent de ces plantes. L’illustration de ce circuit court aborde les notions de transformation, de changement, de flux et d’interdépendance qui existent à travers et en lien avec tous les règnes : végétal, animal, humain.