Du 20 juin au 20 juillet, la galerie Templon Bruxelles clôture la saison avec une exposition d’un membre phare du mouvement français Supports/Surfaces : Daniel Dezeuze. À 82 ans, l’artiste présente ses derniers travaux - sculptures, peintures, dessins, installation - inspirés de sa découverte des cultures nomades et extra-européennes.
Depuis presque cinquante ans, Daniel Dezeuze tente de déconstruire la notion de tableau. Dès ses débuts avec le mouvement d’avant-garde Supports/Surfaces dont il est un des théoriciens, Daniel Dezeuze fait fi de la toile. Il retourne les châssis contre le mur, jouant du vide et de la tridimensionnalité pour dépasser les limites de la tradition picturale. Il explore ainsi les nouvelles techniques et matériaux traditionnels de la peinture, en quête d’une réflexion sur l’histoire et la fonction de la pratique de la peinture.
L’exposition révèle une des multiples facettes de l’artiste en livrant une réflexion personnelle inspirée de ses voyages dans les années soixante en terre mexicaine et de sa découverte de l’architecture Maya. Il construit des assemblages muraux réalisés à partir de chutes de bois peint, clin d’œil à cette expérience fondatrice de la jungle et des civilisations disparues. À leur côté, la série de « boucliers » évoque les tensions entre nature et culture, peuples « indigènes » et colonisateurs. L’itinéraire singulier de l’artiste dans son expérimentation de matériaux considérés comme pauvres – bois, gaze, filets, tissus – ainsi que leur subtile combinaison, offrent une réflexion troublante sur les frontières entre art et artisanat, le sauvage et le policé, mais aussi sur la fragilité des civilisations et de la modernité.
Enfin, l’exposition déploie également une collection de dessins, une jungle de fleurs, d’insectes, moustiques et escargots. Flirtant avec l’abstraction, cet ensemble dessine les contours d’une nature aussi délicate qu’indomptable, révélant ainsi l’obsession de l’artiste à « saisir l’insaisissable ».