Les éditions Silvana Editoriale annoncent la publication du tome 1 (1916-1946) du premier catalogue raisonné de l’œuvre sculpté de Germaine Richier, sculptrice majeure du XXe siècle. Au-delà d’un catalogue raisonné qui réunit le fruit de cinquante années de recherches, cet ouvrage, constitué d’archives photographiques établies sur un demi-siècle, est un hommage à Germaine Richier. C’est un récit intime et précieux sur sa vie comme son art, conté par sa nièce et élève Françoise Guiter et achevé par Sophie Guiter, qui assure la direction de l’ouvrage. C’est aussi une histoire de femmes et de transmissions.
Reconnue et exposée partout dans le monde dès les années 1950, Germaine Richier (1902-1959) fut la première femme à exposer au musée national d’Art moderne de Paris en 1956. Si ses œuvres sont présentes dans les plus grands musées du monde (Centre Pompidou, MoMA, Tate Gallery), aucun catalogue raisonné n’avait encore vu le jour. Dès la disparition de l’artiste en 1959, Françoise Guiter, céramiste, nièce et élève de Germaine Richier, démarre un travail de recherche considérable sur son œuvre, qui sera repris, à son décès en 2014, par Sophie Guiter.
Événement majeur pour les historiens de l’art, les collectionneurs, les marchands et les amateurs, la parution de cet ouvrage exhaustif permet d’avoir une vue complète de ce qu’a été la création de toute une vie et de prendre la pleine mesure de cette œuvre majeure pour la création du XXe siècle et la sculpture contemporaine. C’est également un document précieux, car établi par une experte reconnue. Un travail primordial pour accompagner la connaissance, le futur et la protection de l’œuvre.
Dès la disparition de Germaine Richier en 1959, Françoise Guiter entreprend un travail de recherche considérable sur l’œuvre de l’artiste. Elle représente la famille de Germaine Richier pendant la gestion de l’œuvre par la galerie Creuzevault (de 1959 à 1976), devenant à partir de 1973 la seule personne habilitée à établir des certificats d’authenticité, puis, de 1976 à 2014, représente l’œuvre de sa tante.
« Il fallait aussitôt écrire tout ce que j’avais vu et vécu avec elle et lui avais entendu dire et d’abord faire le recensement complet de ses œuvres, avec leur date de création exacte, leur photographie, leurs expositions et leur bibliographie, mais aussi les dates de fonte des épreuves des œuvres à tirage original, le nom de leur fondeur et la nature de leur fonte (à cire perdue ou au sable) », écrit Françoise Guiter.
Françoise Guiter réunit des centaines d’archives, affine les connaissances acquises auprès de sa tante, répertorie les œuvres de l’artiste et reporte en détail l’évolution du savoir généalogique, historique et technique. L’œuvre de Germaine Richier a été photographiée très tôt par les photographes de son temps. Françoise Guiter décide d’adopter une approche plus systématique et comme l’explique Thierry Dehesdin, photographe : « Son approche photographique, dont la consigne était le respect de l’œuvre, évolue également progressivement avec le temps. Elle me fait photographier les 4 faces des œuvres, sous le même angle, dans la lumière de l’atelier. »
L’idée de ce catalogue émane de l’artiste elle-même qui propose durant l’été 1956 de réaliser un « livre d’art », sans intention d’exhaustivité. Si cet ouvrage ne voit pas le jour, Françoise Guiter établit durant toute sa vie ce catalogue raisonné de l’œuvre sculpté, présenté en trois tomes : la première partie du tome I est consacrée à la vie et à l’œuvre de Germaine Richier, explicitant les techniques de création ; la deuxième partie du tome I répertorie chronologiquement les œuvres (avec leurs fiches descriptives) de 1916 à 1946 ; les tomes II et III constituent le catalogage raisonné de l’œuvre (1947-1954 et 1955-1959). Françoise Guiter a rapidement été soutenue dans ce projet par Romuald Dor de La Souchère, grand ami de Germaine Richier et créateur du musée Picasso à Antibes.
Ce projet d’une vie est repris et complété, au décès de Françoise Guiter, par sa fille, Sophie Guiter. « En lisant le premier projet tapé à la machine, embryon du catalogue raisonné, j’ai été frappée par le fait que très tôt, dès les premiers textes, les premières listes, tout était là ou presque. Dans la méthode. Avec méthode. Comment l’expliquer ? Cela vient sans doute du fait que Françoise Guiter, ma mère, qui a commencé très jeune à travailler avec Germaine Richier, possédait une grande conscience et connaissance de l’œuvre, mais aussi un don, une rigueur, une sensibilité, un œil. Et de surcroît une mémoire exceptionnelle qui lui permettait, sur une simple photo, de donner l’année, le lieu, le titre de l’exposition, le nom du photographe et celui du fondeur. Sans avoir fait d’études pour cela, elle a produit un travail scientifique. Déchiffrer, interroger, comparer, conserver, comprendre. »
Cet ouvrage est édité dans une version bilingue, en français/anglais et compte 560 pages ainsi qu’un Livret mobile répertoriant le travail de recensement des œuvres, par l’auteur, couvrant 687 expositions et plus de 4000 références bibliographiques.