18/10  02/11/24
« HYPNOTIC. À la recherche de la lumière »

ColAAb

Vue in situ  © ColAAb
Vue in situ © ColAAb

Dans la lancée de la semaine de l’art contemporain à Paris, la maison d’édition ColAAb expose du 19 octobre au 2 novembre 2024 dans l'Atelier Visconti le fruit des explorations des artistes plasticiens Nicolas Delprat, Angelika Markul, Nicolas Momein et Morgane Tschiember dans le domaine du design. HYPNOTIC. À la recherche de la lumière propose une déambulation dans l’espace souterrain de l’Atelier Visconti à la découverte d’un ensemble de luminaires imaginés et créés entre 2022 et aujourd’hui. Pièce de mobilier exigeante, le luminaire porte la grande responsabilité d’éclairer. Au-delà de la symbolique de la lumière, invoquée en nos temps fort sombres, les œuvres-mobiliers exposées incarnent en beauté la connexion entre forme et usage. Œuvres picturales, elles relancent aussi un dialogue passionnant entre luminosité et couleurs, autour de la perception et de l’invisible, voire, dans le contexte de l’exposition, de l’illusion.

Morgane Tschiember
Série - Everybody gets lighter, 2022-2024

L’oeuvre de Morgane Tschiember est protéiforme: peinture, sculptures, installations, photos, performances, travaillant tous les matériaux (béton, bois, céramique, corde, métal, mousse expansive, sable, verre...) et expérimentant les correspondances et les « rapports de force entre des matières ». Puis dans ses séries, elle laisse toujours apparaître les éléments de construction, les stades de transformation, les coutures, « le système de fabrication des pièces ». 

Les fenêtres de Morgane Tschiember, créées spécialement pour ColAAb, reprennent un des grands thèmes de l’histoire de la peinture, la fenêtre, une ouverture sur le monde, tout en se référant, comme toujours, à des éléments de son histoire personnelle. Habitant l’immeuble le plus haut de Paris, elle dit ne pouvoir « s’empêcher de regarder le ciel sans arrêt » et de réaliser des séries de photos. Ces photos ont donné naissance à cette série de créations hybrides, mi-œuvres, mi-objets « source de lumière ». Ses fenêtres nous invitent à la méditation. Ces dégradés de couleur nous amènent à l’heure rose ou à d’autres moments clés de la journée. Effectivement, on oublie aisément que chaque heure du jour ou de la nuit est baignée d’une lumière et d’intensité différentes. Les fenêtres sont cadrées dans un caisson d’où émane une lumière neutre ; elles pourraient s’ouvrir, avec leur poignée en forme de signe de l’infini, sur un monde inconnu, pour suivre la quête de l’artiste qui affirme : « Tout mon travail va de la physique à la métaphysique ». 

Angelika Markul
Série The Confidants2022

Angelika Markul fait des vidéos, des installations et des sculptures. Son œuvre se déploie entre art et science, fiction et mémoire et interroge nos relations à la nature, à l’univers, au temps. Elle explore l’histoire de territoires sauvages, ancestraux, de civilisations disparues mais pose aussi un regard plus politique sur les lieux où se sont produites des catastrophes (Fukushima, Tchernobyl...). Pour ColAAb, Angelika Markul qui est passionnée de design, a réalisé une table basse et deux luminaires, des objets mobiliers très minimalistes et poétiques qui font écho à ses dernières œuvres.

Pour ces deux luminaires, l’une de petit format, pensée comme une veilleuse, pour une chambre et l’autre, de grand format, pour les pièces à vivre, Angelika Markul a véritablement lié sculpture et design. Deux têtes sont sculptées en bronze et teintées d’une patine, blanche puis noire, propre à l’artiste, et qui reprend le geste de sa main. Chacune est fixée sur un socle noir accueillant le support d’une ampoule qui éclaire et rayonne au-dessus de la sculpture. Récemment, et pour la première fois, Angelika Markul a introduit des éléments autobiographiques dans son œuvre. Ces deux luminaires, Je voulais encore t’embrasser et Oui c’est encore moi, aux titres évocateurs, sont des créations très personnelles qui s’inscrivent dans sa dernière série de sculptures 7306 jours, dont elle dit qu’il s’agit d’une « réflexion très intime, de 7306 jours de liberté passés avec une personne. Ça parle de l’amour, ça parle de questionnements, de paroles, d’un échange spirituel, culturel, philosophique. » 

 

Nicolas Momein
Série - Bump the lamp (The GreenThe RedThe Gold), 2023

Le travail de Nicolas Momein est entré notamment dans les collections de l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, du Frac Champagne-Ardennes ou des Fonds d’art contemporain des villes de Paris et de Genève. 

Les trois luminaires Bump the lamp (The GreenThe Red et The Gold) de Nicolas Momein, une lampe à poser au sol et l’autre sur un meuble, font écho à ses sculptures tubulaires en métal cousues de Bulgomme. Le tissu Bulgomme (évocation de son enfance), généralement utilisé comme sous-nappe, antitache, antichoc, forme avec ses plis des dessins dans l’espace. Le moulage en bronze, réalisé en collaboration étroite avec le fondeur, reprend finement ces motifs de plis mais également, ceux, presque psychédéliques, des alvéoles octogonales du tissu- gomme. Les formes organiques, courbes, des sculptures accueillent et semblent comme protéger le rayonnement de la source de lumière.