Pour débuter cette nouvelle année, Passages Centre d'Art Contemporain présente du 11 janvier au 8 février deux expositions monographiques consacrées à deux artistes de générations différentes qui s’inspirent d’une nature observée, manipulée, réinterprétée, sans concession et sans filtre : Marie-Mam Sai Bellier et Nadine Monnin.
Marie-Mam Sai Bellier, typographe, graphiste et chercheuse d’origine française et gambienne installée à Paris, vise à explorer de nouvelles voies créatives dépassant les limites de l’alphabet latin. Membre de Bye Bye Binary et enseignante à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, elle s’intéresse à la relation des contenus et des symboles, notamment dans certaines écritures africaines.
Elle mentionne la « torsion » comme un élément fondamental de sa recherche, tant dans la création des écritures non binaires, que dans la matérialité de sa pratique artistique (tordre le verre ou le métal). Les idéogrammes ou les pictogrammes lui offrent une dimension artistique et émotionnelle plus profonde, en questionnant le texte et l’ornement comme matière universelle, poétique et politique. En résulte une exposition riche et subliminale, qui puise dans les théories de l’art nouveau et tente de réconcilier l’art décoratif, la sculpture, le design et l’artisanat, en y ajoutant une dimension queer et émancipatrice.
Nadine Monnin voyage depuis longtemps, en Europe du Nord, en Amérique centrale, ou encore en Bretagne, où elle photographie dès la fin des années 1990 les grandes marées et plus particulièrement la laisse de mer. Ainsi, des coquillages, des petits animaux marins, du bois flotté, viennent se mélanger aux algues qui forment des amas sur les plages du Finistère, et dans lesquels l’artiste vient prélever des close-up presque abstraits, reformant des petits paysages contenus dans le format d’œuvres présentes à Passages.
Depuis une vingtaine d’années, elle imprime ses images à la gomme bichromatée avec une émulsion photosensible, la photographie originale n’étant plus qu’une étape lui permettant de faire évoluer ses négatifs en processus complexes. Dans les tirages présents ici, plusieurs passages sont nécessaires et combinent une technique du 19ème siècle et le numérique. Le résultat, toujours incertain, est composé de bichromate de potassium et de pigment en poudre.