matali crasset est designer industriel de formation. Au début des années 2000, elle crée sa propre structure, matali crasset productions. C’est à Belleville, au cœur d’un quartier populaire parisien, dans une ancienne imprimerie réhabilitée en logements et petits jardins qu’elle installe son studio, attenant à sa maison.
matali crasset envisage le design comme une recherche. Elle travaille à partir d’une posture décentrée qui lui permet à la fois d’intervenir sur la vie quotidienne et de projeter des scénarii pour le futur. Sa méthodologie est faite d’observations des pratiques ordinaires et de remises en cause des principes d’organisation habituels. À l’image de son objet emblématique la colonne d’hospitalité « Quand Jim monte à Paris », c’est à partir d’une observation fine des usages qu’elle invente de nouvelles ritualités. Portant un regard à la fois expert et toujours neuf sur le monde, elle questionne l’évidence des codes pour mieux s’en affranchir. Son travail consiste alors à chercher de nouvelles typologies et à formuler des logiques de vie inédites. Elle définit cette recherche comme un accompagnement, en douceur, vers le contemporain.
Ses territoires d’intervention sont multiples, toujours liés à des rencontres. Elle collabore avec des acteurs variés, aussi bien l’artisan qui souhaite faire évoluer sa pratique qu’un particulier en quête d’un nouveau scénario de vie domestique, aussi bien l’industriel prêt à expérimenter (Ikea) que l’hôtelier qui veut développer un nouveau concept (Hi Hotel à Nice ou Dar Hi à Nefta), aussi bien la petite commune rurale (l’École Le Blé en Herbe de Trébédan) qui cherche à valoriser son dynamisme culturel et social que le musée qui souhaite se métamorphoser (SM’s à s’Hertogenbosch aux Pays-Bas). Elle rassemble des univers ordinairement bien distincts, de l’artisanat à l’art contemporain (Vent des Forêts), de l’industrie textile au commerce équitable, réalisant des projets de scénographie, de mobilier, d’architecture, de graphisme, des collaborations avec des artistes (Peter Halley), avec de jeunes entreprises d’édition de mobilier, avec des municipalités (Bibliothèque de Genève, Ville d’Istres…) et des collectivités…
Cette expérience acquise au fil des années l’engage désormais dans des projets de plus en plus participatifs, au niveau local comme au niveau global, en milieu rural comme en milieu urbain. À partir de rencontres, d’ateliers de création, de réflexions et d’envies communes, elle travaille avec des porteurs de projets différents mais qui tous ont la conviction que les dynamiques collectives engendrent des scenarii plausibles de lien social. C’est finalement autour de la question du vivre ensemble que s’organisent les fictions, les récits et le sens du travail de matali.